
Stirling Moss au Grand-Prix de Monaco : l’exploit du “champion sans couronne”
Monaco est une piste où le talent pur peut parfois compenser le manque de puissance mécanique. Stirling Moss en a donné la plus belle démonstration lors du Grand Prix de 1961. Face aux redoutables Ferrari 156 “Sharknose”, armées de leurs puissants moteurs V6, Moss, au volant d’une modeste Lotus 18 privée, a réussi l’un des plus grands exploits de l’histoire de la Formule 1. Retour sur une victoire entrée dans la légende.
Stirling Moss : le “champion sans couronne”
Stirling Moss fait partie de ces pilotes qui ont marqué leur époque sans jamais décrocher le titre suprême. Né en 1929, il s’impose rapidement comme l’un des meilleurs pilotes de sa génération. En Formule 1, il accumule 16 victoires en 66 Grands Prix, terminant quatre fois vice-champion du monde entre 1955 et 1958.
Loin des équipes d’usine, Stirling Moss fait le choix audacieux de courir pour des écuries privées, notamment celle de Rob Walker Racing, un fidèle soutien. Ce choix lui permet de piloter des voitures à la pointe de l’innovation, comme les Lotus de Colin Chapman, mais le prive du matériel nécessaire pour rivaliser pleinement sur l’ensemble d’une saison.
Brillant sous la pluie, redoutable sur les circuits urbains et maître du pilotage défensif, Moss est reconnu pour son habileté et sa précision. En 1961, alors que la Formule 1 adopte une nouvelle réglementation abaissant la cylindrée des moteurs à 1,5 litre, il se retrouve en position d’outsider face aux puissantes Ferrari.
1961 : une bataille contre les Ferrari
Dès les essais du Grand-Prix de Monaco 1961, Stirling Moss crée la surprise en signant la pole position avec sa Lotus 18 à moteur Climax, pourtant vieillissante et sous-motorisée. Mais au départ, Richie Ginther, au volant d’une Ferrari, prend immédiatement l’avantage grâce à sa puissance supérieure.
Au 14e tour, profitant d’une erreur de Ginther, Moss prend la tête, suivi de Jo Bonnier (Porsche) et des Ferrari de Phil Hill et Wolfgang von Trips. Le Britannique sait qu’il devra se battre jusqu’au bout pour garder son avantage.
Pendant toute la course, Ginther et Hill, relayés par les instructions de la Scuderia Ferrari, mettent la pression sur Moss. Au 75e tour, Ginther passe enfin Hill et entame sa remontée. Il signe alors le meilleur tour en course, réduisant l’écart à seulement trois secondes.
Mais Moss, informé des temps de son rival, trouve les ressources pour répliquer immédiatement, égalant le chrono de Ginther ! Un véritable bras de fer se joue dans les rues de Monte-Carlo.
Après 2 heures et 45 minutes d’efforts, Moss franchit la ligne d’arrivée en vainqueur, conservant une poignée de secondes d’avance sur les trois Ferrari. Il réussit ainsi l’un des plus grands exploits de l’histoire de la Formule 1, triomphant dans une monoplace largement inférieure sur le papier.
Un héritage immense
La victoire de Stirling Moss à Monaco en 1961 est souvent considérée comme la plus grande course de sa carrière. Face à des machines bien plus performantes, il a prouvé que le talent pur pouvait parfois triompher de la technologie.
Trois fois vainqueur en Principauté (1956, 1960 et 1961), Stirling Moss reste l’un des plus grands pilotes à ne jamais avoir été sacré champion du monde. Mais son exploit monégasque est une preuve éclatante de sa grandeur : une victoire obtenue à force de maîtrise, d’intelligence et d’une parfaite gestion de la pression.
Aujourd’hui encore, son nom est associé aux rues de Monte-Carlo, où il a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du sport automobile.